PROPOSÉE PAR FAWAZ BAKER
Musicien dès l’enfance, Fawaz Baker fut architecte de profession avant de se consacrer exclusivement à la musique. Dessiner l’espace et le temps, accueillir le silence : la transition lui fut naturelle. De l’accordéon de son enfance, au clavier puis à la contrebasse, il explore plusieurs univers (hard rock, jazz, blues) et consacre de nombreuses années à l’étude de la musicologie et des influences multiples de la musique aleppine (Ottomane, Iranienne, Arménienne, Indienne et d’Asie centrale, dont la tradition soufie). La guerre arrache finalement le joueur d’oud à sa ville et à tout ce qu’il y a construit, même s’il tient à rester solidaire de ses habitants : il dirige jusqu’en 2011 le Conservatoire de Musique d’Alep où, dit-il, le plus grand défi était de composer entre l’enseignement de la musique classique occidentale et celui de la musique traditionnelle orientale. Musicien engagé, Fawaz Baker passe une partie de son temps dans les camps de réfugiés syriens au Liban et en Jordanie pour transmettre aux enfants sa passion de la musique, et leur faire réapprendre le silence, loin de la bruyante guerre.
Artiste associé au Quartz, Fawaz Baker a souhaité initier un rendez-vous porteur d’agitation stimulante pendant le Festival NoBorder#8. En forme de table ronde nourrie d’échanges, il s’agira de retracer le trajet accompli par la musique entre l’oreille et l’œil à travers le temps. Car notre regard sur notre environnement change sans arrêt depuis des siècles. A l’heure où nous devenons de plus en plus visuels - consciemment ou non - l’auditif passe dans l’inconscient et les sons sont remplacés par des formes. Le passage de l’immatériel au matériel a été entériné d’abord par l’écriture et ensuite par l’enregistrement. Actuellement, les logiciels informatiques et la mise en réseau de la musique prolongent la tendance. Pour rendre compte de ces mutations, Fawaz Baker a invité de passionnants contributeurs. Au fil de la journée, on parlera d’écrire les sons, de représenter l’immatériel, de dessiner le monde dans ses formes, couleurs et musiques, de tout ce qui convoque un rapport entre logique et émotion.
> 10h30-13h
Richard Dumbrill témoignera des premières pièces écrites de la musique ugarith sur la côte syrienne.
Fikret Karakaya nous racontera la stupéfiante histoire de Dimitri Kantemir, le prince moldave qui a transcrit au XVIIIe les grandes pièces de la musique ottomane.
Fawaz Baker s’attachera au passage de l’écriture du baroque à la musique classique européenne, aux conséquences de l’enregistrement qui a matérialisé le son pour la première fois.
> 14h30-17h
Henri Tournier évoquera la relativité culturelle des systèmes de notation, notamment entre la notation indienne et la notation occidentale.
Denis Laborde nous parlera du rapport tumultueux qu’entretiennent musiques du monde et partitions.
Fawaz Baker nous éclairera sur la notion d’échelle dans le temps et dans l’espace.
Entrée libre dans la limite des places disponibles